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La relève du cinéma suisse à Locarno

Teresa Vena
11 août 2023

Flavie Delange dans le rôle de Manon dans «Rivière» de Hugues Hariche © Beauvoir Films

Hugues Hariche a présenté «Rivière» en compétition Cineasti del presente. Dans son film, Manon est une joueuse de hockey sur glace très douée. À la recherche de son père, elle quitte sa résidence en Suisse et arrive à Belfort en France. Entretien avec le réalisateur franco-suisse et l'actrice Flavie Delange, qui tient le rôle principal.    

Quels ont été les éléments les plus importants dans le développement du personnage principal ?

Hugues Hariche (HH) : Le film est un coming-of-age, donc le voyage du personnage était très important. Je voulais construire ce personnage comme quelqu'un de blessé, qui a eu une enfance difficile avec une mère abusive et un père absent. L'idée était de commencer par ce personnage blessé et de voir comment il pouvait se sortir de sa situation grâce à ses rencontres.

 

Comment avez-vous travaillé ensemble pour développer le personnage ?

HH : Chaque actrice apporte quelque chose de différent au rôle. J'avais ma propre idée, mais nous l'avons développée ensemble au fil du temps. Flavie s'est appropriée le rôle et a travaillé sur sa façon de parler et de bouger. Nous n'avons pas eu beaucoup de temps ensemble parce que nous tournions pendant le COVID et que nous ne pouvions pas nous voir tout le temps. Mais par la suite, tous les acteur·trice·s ont répété et travaillé ensemble. Nous avons eu la chance que le groupe s'entende bien, ce qui a rendu la dynamique de la bande plus crédible à l'écran.

Flavie Delange (FD) : Nous avons beaucoup parlé. Le réalisateur m'a donné beaucoup d'indications visuelles et nous avons parlé du personnage de Manon et de la manière dont elle pourrait réagir. J'ai également choisi un registre de voix qui devait rendre la dureté du personnage plus crédible.

 

Vous êtes-vous retrouvée dans le personnage ?

FD : Ce sont les personnages comme ceux-là que je préfère, les plus sombres. Avec un personnage principal, il n'y a pas beaucoup de texte et on voit tout avec les yeux. J'avais déjà eu un rôle de ce type dans une série française. C'est un rôle qui m'a tout de suite parlé. J'ai beaucoup aimé aborder ces thèmes et montrer qu'une femme peut même mieux jouer au hockey qu'un garçon. Ce sont des thèmes qui sont toujours très actuels. Pour nous qui avons vingt ans, il est bon d'en parler. Nous avons un métier qui nous permet de parler de tout cela, sans tabou.

 

Pourquoi avez-vous choisi le thème du hockey sur glace ?

HH : Je voulais faire un film sur l'adolescence et le situer dans la ville où j'ai grandi, à Belfort. Je me suis appuyé sur mes souvenirs d'adolescence, sur le phénomène des bandes et sur la patinoire où j'ai passé beaucoup de temps. J'ai également joué moi-même au hockey sur glace pendant des années. La patinoire n'a pas changé jusqu'à aujourd'hui, elle a toujours cette ambiance d'antan. Je me suis inspiré d'endroits que je connais bien. En outre, j'aime ce sport et les éléments visuels qu'il comporte. Il y a quelque chose de dynamique et d'émouvant en lui. Le hockey sur glace était un sport assez original. J'adore le bruit des glissades et de la glace.

 

Comment vous êtes-vous préparée physiquement à ce rôle ?

FD : J'ai pris des cours pour apprendre à patiner. Lors de l'audition, j'ai dit que je savais patiner, mais il arrive qu'on mente pour un rôle. J'ai beaucoup d'amies qui l'ont fait (rires). Mais nous avons surtout travaillé avec une doublure. Je n'aurais jamais eu le bon niveau.

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur l'esthétique du film ?

HH : Comme l'histoire est basée sur mes souvenirs, je me suis inspiré des films sur l'enfance des années 1990 que j'ai vus quand j'étais adolescent. Je voulais absolument retrouver le look d'une bobine de film, l'aspect granuleux et l'esthétique vidéo. Nous avons donc travaillé sur l'éclairage, les costumes et les décors afin de donner au film une texture inspirée des films qui m'ont nourri à l'époque.


La protagoniste arrive en France depuis la Suisse. Quelle est l'importance du thème de la frontière dans l'histoire ?

HH : Ce n'est pas forcément le thème de la frontière qui est important, mais celui du voyage. Il s'agit de l'envie d'aller ailleurs pour voir si c'est mieux là-bas. Cela me revient aussi, car quand j'étais jeune, j'ai ressenti le besoin de quitter Belfort. Maintenant, je me réjouis d'y retourner. Mais je pense qu'il est important de voyager et de rencontrer de nouvelles personnes.

 

Était-il clair dès le départ que nous ne verrions pas le père de la protagoniste ?

HH : Oui, en règle générale, les parents n'apparaissent pas dans l'histoire. Et cela remonte aussi à mon adolescence. Avant, nous jouions seul·e·s dehors et passions beaucoup de temps sans surveillance avec des groupes d'ami·e·s. Aujourd'hui, cela a changé et les parents sont beaucoup plus présents.

 

Avez-vous fait des recherches spéciales pour préparer le film ?

HH : Au début, je pensais inclure plus de scènes se déroulant dans un logement social. Pour être sûr de ne pas faire d'erreur, j'ai demandé conseil à un ami. J'ai également fait quelques recherches, par exemple sur l'aspect policier.

 

Êtes-vous plutôt perfectionniste sur le plateau ?

HH : J'aime avoir le contrôle. Mais avec un budget assez modeste, comme celui que nous avions, ce n'est pas forcément possible. Il faut s'adapter aux conditions que l'on rencontre.

 

 

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